« Anne Guerber est une véritable éveilleuse de sens. Par l'art qu'elle possède de ciseler la langue pour dire sa perception affûtée du monde, elle nous donne à le voir, le sentir, le goûter, le toucher, l'écouter. mais aussi le comprendre un peu mieux. Elle nous en propose une vision forte et sensible, pleine de fulgurances, où l'humour côtoie la gravité, où la poésie croise l'inattendu.

Si ses textes avaient une couleur, ce serait sans doute le gris nacré des ciels de Bretagne irisés par l'aurore ou bien qu'un coup de vent vient trouer de lumière.

A côté de leurs teintes, et comme tout ce qui nous vient de la mer et des prairies d'enfance, ses poèmes ont aussi ces odeurs de grand air, ces parfums enivrants ou subtils que portent les souvenirs, ces fragrances si diverses qui traversent la vie même.

Car c'est bien cette vie aux saveurs acides ou douces, qu'Anne Guerber veut nous restituer. En assemblant les mots, elle nous offre à goûter tous ses morceaux choisis : des berlingots pour rire, des bouillons plus amers ou des mousses de rêve.

Mais son écriture a aussi sa texture, sa matière : celle d'un ruissellement vif, fluide, limpide se faufilant entre les doigts du lecteur enchanté, qui voudrait retenir les images argentées qui la traversent.

Enfin, ces « pulsations du temps » imprimées au « tambour de chair » résonnant qu'est chacun d'entre nous, scandent une partition dont notes et accords se fredonnent au rythme des battements du cour.

Alors, c'est vrai : Anne Guerber nous invite avec ce recueil à la suivre sur un sentier nouveau où, corps et âme aux aguets, nous savons que chaque pas va nous ouvrir un univers de sensations toutes fraîches et de perspectives inédites. »

F. Marcilhacy

 

 

Il faudrait d'abord parler des mains. L'écriture comme une main offerte, une main posée sur l'épaule de l'enfant resté en nous, une main indiquant une direction, ou encore, libérant les sons immémoriaux sur la peau tendue du tambour.

Ensuite, on pourrait parler des serrures, du nombre infini de serrures que l'on peut ouvrir, les unes après les autres, les refermer ou pas, pour franchir les toutes petites portes de communication donnant accès du visible vers l'invisible, et vice versa.

A. Guerber